Et si le capitalisme était suicidaire ? Et si sa chute venait de l’intérieur, sans possibilité de retour en arrière et sans aide des états pour les sauver ? Voici quelques questions qui restent à la lecture de « Comment j’ai liquidé le siècle » de Flore Vasseur. En suivant Pierre, le supra-trader et ses interrogations, nous voyageons dans un monde immorale et de fric facile.

Un livre qui m’a gentiment été offert par Libfly dans le cadre de son partenariat avec le Salon du livre d’Arras.

Résumé : (site de l’auteur)

« La planète est un monopoly, les entreprises des sigles à la pelle, les cadres, les fantassins du Grand Capital. Le monde bosse pour nous. Nous n’apparaissons jamais. Nous, les banquiers, vivons leveragés, hyper endettés. Nous misons un, empruntons cent, gagnons mille (…). Les pires truands de la planète sont comme moi. Ils financent la lutte contre le paludisme, créent des écoles en Afrique, investissent dans l’éolien. Ils écoutent Bono comme le Messie, veulent serrer la main d’Angelina Jolie. Ils cherchent une rédemption dans l’art, investissent dans n’importe quoi. Je suis un enfant du fascisme occidental. Je veux appuyer sur la touche « échappe ». »

Fils de plombier à Clermont-Ferrand, Pierre s’est réfugié dans les mathématiques pour oublier une enfance blafarde. Devenu polytechnicien, trader richissime, roi du quant au Crédit Général, il conçoit des programmes de calcul systémique qui engrangent des milliards. Mais sa vie est un désastre affectif. Ses rares sentiments sont pour une prostituée tendre et drôle.

Parce qu’il frôle à la fois le génie, le néant et l’absurde, il est convoqué à New York par Mme Krudson qui dirige d’une main de fer le Bilderberg, un rassemblement transatlantique secret qui domine le monde.

Incapable d’accepter la fin de la suprématie américaine au profit de la Chine, Mme Krudson décide de faire sauter le capitalisme pour mieux le sauver en infiltrant les systèmes informatiques et financiers mondiaux, scénario terroriste tant redouté par le FBI.

Pierre n’a pas le choix : liquider ce monde de chiffres n’est-il pas le moyen de recouvrer sa vie d’homme ?

Comment j’ai liquidé le siècle autopsie l’oligarchie financière, prisonnière de sa sophistication, de ses dogmes morbides, qui va dévaster le monde. C’est la chronique d’une explosion définitive préfigurant la prochaine étape du capitalisme.

Mon avis :

Flore Vasseur signe un roman atypique – ou  utopique ?- celui de la chute du capitalisme par l’intérieur.

Pierre est plus qu’un trader. Il n’a aucune limite, gagne en un mois ce qu’un français moyen ne gagnera jamais de toute sa vie. Mais Pierre est aussi l’outil de Mme Krudson, qui dirige le monde de la finance depuis son fauteuil roulant. Elle ne veut pas voir « son » empire tomber dans les mains des chinois.
Pierre fait parti de ces personnages qu’on adore détester. Il pue le fric. Il est le fric , dans toute sa vénalité, il fait du fric pour faire plus de fric.

Flore Vasseur nous propose une construction en puzzle avec des pièces de présents  qui s’enchainent avec des pièces de son passé. On passe du New-York d’aujourd’hui au Clermont-Ferrand de son enfance. Pierre est un homme vide, qui ne vit que pour les maths. Il ne comprend pas les relations sociales. Il épousera une femme pour les conventions de notre société, elle l’épousera pour se faire faire un enfant et toucher une bonne pension alimentaire. Il a peu d’ami ou d’autres traders qu’il respecte, comme Paulo, l’homme dont le poids est proportionnellement inverse à son compte en banque.

Flore Vasseur va emmener son personnage dans l’incertitude, dans une interrogation  de son but sur terre et redécouvrir tout ce que les chiffres ne lui donnent pas. Dans un style parfois laconique, avec des répliques d’un cynisme cinglant, elle fait de Pierre le représentant « humanisé » des responsables de la crise financière qui nous traine vers le fond depuis 2008. On y retrouve des personnages centraux (même si les noms sont changés) des chutes des banques.

C’est agréable à lire, même si le sujet peut paraitre compliqué de prime abord, mais c’est avec un véritable plaisir qu’on ferme le livre. Et je dois dire que je regarde les peluches Hello Kitty d’un autre oeil depuis. Pourquoi ? Lisez le livre…

Posted by Gil

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